Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/31

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tures une vie nouvelle ou bien elle en aurait été heureusement transformée. Mais le souvenir de ces lointaines origines était perdu depuis longtemps. Pendant la décadence aucun effort, aucune tentative ne fut faite pour y remonter.

Cette poésie aristocratique ne fit d’effort que pour se perdre plus sûrement. On rechercha pendant la dernière période les difficultés de la forme plutôt que l’originalité du fond ; on revint aux choses déjà vieillies ou mortes, à la préciosité, à la jonglerie des mots, des rimes et des mètres, à tous ces artifices puérils de la forme qui sont en honneur dans toutes les littératures vieillies. De tout cela rien de vivant ne pouvait sortir.

Est-ce à dire que les principaux genres que nous avons énumérés, en parlant de la littérature de langue d’oïl, lui aient été inconnus ? Quelques-uns peut-être. En ce qui concerne la poésie épique, la question a été discutée et résolue avec éclat dans un sens affirmatif par Fauriel. Il paraît assez vraisemblable, au premier abord, qu’un pays comme le Midi de la France, qui a eu tant à souffrir des invasions sarrasines, en ait gardé le souvenir. D’autre part l’éclat de la poésie lyrique, dès ses origines, laisse supposer que le talent n’aurait pas manqué à ses jongleurs pour mettre en vers cette matière épique. Et que sont la Chanson de Roland, toute la magnifique geste de Guillaume d’Orange, les chansons d’Aimeri de Narbonne et de la Mort d’Aimeri sinon le récit d’exploits accomplis contre les Sarrasins ? Ces poèmes