Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

naissait de leur vie que des légendes ; mais il semble avoir choisi parmi les plus intéressantes.

Si son récit est des plus suspects au point de vue historique et s’il a écrit en poète la vie des troubadours, son œuvre est « un document de premier ordre, non seulement pour l’histoire de la littérature, mais encore et surtout pour l’histoire de la société du Midi de la France au moyen âge. »[1] C’est à ce titre que ces biographies méritent d’être examinées ici ; elles nous feront connaître le milieu où vécurent les troubadours ; n’oublions pas seulement, avant de les aborder, que la plupart sont des légendes, nées dans l’esprit des contemporains des troubadours et dont le chroniqueur anonyme s’est fait l’écho.

Commençons par une des rares biographies, dont l’auteur nous soit connu : celle de Bernard de Ventadour, écrite dans la première moitié du xiiie siècle par le troubadour Uc de Saint-Cyr. Ce qui la distingue de toutes les autres, c’est que l’auteur en a recueilli les éléments auprès du vicomte Èbles IV de Ventadour, descendant d’Èbles II, poète, protecteur et maître de Bernard.

« Bernard de Ventadour était originaire du château de Ventadour, en Limousin. Il était de naissance pauvre, fils d’un domestique qui chauffait le four… Il était bel homme et adroit, savait bien chanter et trouver, et il était courtois et instruit. Le vicomte, son seigneur, le prit en affection à cause de son talent poétique et l’honora grandement. Le vicomte avait pour femme une dame aimable et gaie, qui s’intéressait beaucoup aux chansons de Bernard ; elle s’éprit de lui et lui d’elle… Longtemps

  1. Chabaneau, Biographies des Troubadours.