Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/50

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lui. » Il la veilla dix jours et dix nuits ; et chaque soir il lui demandait si elle était morte ou vivante ; si elle était vivante, qu’elle revînt vers lui ; si elle était morte, qu’elle lui contât ses peines et il lui ferait dire toutes les messes qu’elle voudrait.

Il fut chassé de la cité. Il partit à la recherche de devins ou de devineresses. L’un d’eux lui dit que s’il récitait cent cinquante patenôtres par jour, s’il donnait des aumônes à sept pauvres avant de se mettre à table, et s’il agissait un an ainsi, sans faillir un seul jour, sa femme reviendrait à la vie, mais sans pouvoir manger, ni boire ni parler. Le pauvre homme suivit le conseil avec joie ; seulement quand l’année fut terminée, il s’aperçut qu’il était berné ; il se désespéra et se laissa mourir.

Terminons cette revue par une biographie édifiante.

« Giraut de Bornelh était Limousin, de la contrée d’Excideuil… Il était de basse naissance, mais il était très savant et avait beaucoup d’intelligence naturelle… Il fut appelé le maître des troubadours, et il l’est encore par les bons connaisseurs, ceux qui entendent bien les mots subtils qui expriment bien les sentiments amoureux… Sa vie était la suivante : tout l’hiver il restait à l’école et étudiait ; tout l’été il parcourait les châteaux, menant avec lui deux chanteurs qui chantaient ses chansons. Il ne voulut jamais de femme ; et tout ce qu’il gagnait il le donnait à ses parents pauvres et à l’église de la ville où il naquit. »

Mais voilà assez de légendes, tragiques ou gracieuses : nous en passons beaucoup d’autres sous