Page:Anglade - Les troubadours, 1908.djvu/49

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Une autre de ses folies faillit finir plus mal pour lui. Il s’était épris d’une grande dame qu’il surnommait la Louve (on ne sait, pour le dire en passant, si ce nom lui vient de notre troubadour, ou s’il était un de ses surnoms). La Louve, puisque louve il y a, habitait un château des environs de Carcassonne. Pour lui témoigner ses sentiments, Peire Vidal ne trouva rien de mieux que de s’habiller en loup. « Il se vêtit d’une peau de loup, pour le faire croire aux bergers et aux chiens. » Cette fantaisie déréglée faillit lui être fatale. Pâtres et chiens se mirent à sa poursuite.

Le pauvre loup en cet esclandre,
Empêché par son hoqueton,
Ne put ni fuir ni se défendre.

Il fut porté pour mort au château de la Louve. « Quand elle apprit que c’était Peire Vidal, elle commença à rire beaucoup de sa folie, et son mari de même. Son mari le fit mettre en un lieu bien tranquille ; il manda un médecin et le fit soigner jusqu’à ce qu’il fût guéri. » Peire Vidal paya ces soins et racheta sa folie par une de ses plus jolies chansons (De chantar m’era laissalz).

Une des plus étranges biographies est celle de Guillem de la Tour. Il vint en Lombardie, enleva à Milan la femme d’un barbier et s’enfuit avec elle jusqu’au lac de Côme. Il advint que la dame mourut. « Il en eut une si grande tristesse qu’il en devint fou ; il crut qu’elle simulait la mort pour se séparer de