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que les troubadours aient traités. Dans la décadence surtout on en inventa d’autres ; à l’aube, chant du matin, on opposa la serena, chant du soir[1]. La pastourelle tirait son nom du personnage qui y jouait le rôle principal ; on composa des pièces qui portaient différents noms suivant le métier des personnages mis en scène ; la « bergère » des pastourelles pouvait être remplacée par une gardienne de vaches ou d’oies ; ceci formait une nouvelle variété du genre et prenait un nom nouveau. Laissons là ces puérilités ; ce sont jeux de poètes d’une époque de décadence, essayant de faire revivre maladroitement des genres morts.

Mais même à l’âge d’or de la poésie provençale, à côté des grands genres, existaient des genres secondaires. Les troubadours avaient, par exemple, un nom pour désigner une poésie où ils annonçaient à leur dame qu’ils se séparaient d’elle : c’était le congé. Un autre genre secondaire portait le nom d’escondig (excuse ou justification) et le mot en indique suffisamment le contenu. Pour mieux marquer sa tristesse ou sa colère de voir ses sentiment amoureux non partagés, un troubadour composait un descort (désaccord), c’est-à-dire une poésie lyrique d’un rythme et d’une mélodie assez libres : cette composition désordonnée marquait l’état de son âme. Le troubadour Rambaut de Vaqueiras trouva encore mieux : il écrivit son descort en cinq langues ou dialectes, une par strophe ; la dernière strophe est composée de dix vers, deux en chaque langue. « C’est pour mieux marquer, dit-il au début,

  1. Il n’y a qu’un exemple de serena, dans Guiraut Riquier ; il faut y voir sans doute une invention du poète et non une imitation d’un genre populaire.