cœur formaient la majorité et où régnait le culte de la poésie. Malgré la différence des temps et des mœurs, ce public ne doit pas avoir complètement disparu : du moins nous ne le croyons pas.
En tout cas nous nous comparerions volontiers à un adversaire du trobar clus : on verra plus loin que ces mots désignent une manière d’écrire qui consiste à dérouter les profanes et à réserver la poésie aux seuls initiés. À quoi un grand troubadour, Giraut de Bornelh, répondit un jour par la déclaration suivante, qui sert de début à une de ses chansons : « Je ferais, si j’avais assez de talent, une chansonnette assez claire pour que mon petit-fils la comprît. » C’est la pensée qui nous a souvent guidé dans la rédaction de ce travail. Nous l’aurions voulu assez clair et assez simple pour qu’il fût à la portée de tout le monde : y avons-nous réussi ?
Nous avions l’intention de dédier ce volume à notre vieux maître Camille Chabaneau. Nous ne pouvons le dédier aujourd’hui qu’à sa mémoire vénérée.