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SA VIE — SES ŒUVRES

(25 février 1864). Les splendeurs d’une mise en scène luxueuse et d’une merveilleuse décoration ne parvinrent point à faire illusion sur la froideur de l’œuvre et la faiblesse de ses interprètes. Le mauvais vouloir du directeur, Marc-Fournier, aidant, la pièce dut bientôt céder le pas aux Étrangleurs de l’Inde, triste sort d’une pièce éminemment littéraire ! La chance ne souriait plus à Bouilhet, lorsque la Conjuration d’Amboise (29 Octobre 1866) vint, pendant cent-cinq représentations consécutives, lui faire oublier ses déceptions.

Son activité ne s’appliquait pas seulement au théâtre. Après Hélène Peyron, il avait réuni en un volume Les Fossiles et un grand nombre de poésies éditées par la Revue de Paris. Le volume était intitulé Festons et Astragales, en souvenir du vers de Boileau,

Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales,


et peut-être, par suite d’une sorte de gageure, pour démontrer qu’un mauvais pavillon peut couvrir d’excellentes cargaisons. Il étudiait le chinois pour découvrir des croisements de rimes, des divisions de strophes originales et des comparaisons nouvelles, pour se pénétrer du génie des populations de l’Empire du Milieu et dans l’espoir de faire dans la suite un poème dont le Céleste Empire serait le théâtre.

» Je me suis remis sur les bancs, écrivait-il le 18 juillet 1863 à M. Lepesqueur, et je me livre à une étude qui peut me faire durer d’une façon congrue, si je ne pars du monde qu’au bout de mes classes. J’apprends… le chinois !… Je me console avec le chinois !… j’aspire à être mandarin lettré. J’en ai déjà « la panse, » c’est ce qui m’en a donné l’idée !…

» Sur ce, je te salue, avec une soixantaine de contorsions, tant à droite qu’à gauche. La Chine est le pays de la politesse, Hao !… hao !… young-hao !…