au théâtre de Cluny. La crainte d’un insuccès dû à l’insuffisance des acteurs engagea Flaubert à retirer le manuscrit de ce théâtre qu’il qualifiait de boui-bouis.
Une lettre du 2 décembre 1874 nous l’apprend formellement : « … Je l’ai retiré de Cluny, il y a huit jours. Le personnel que Weinschenk me proposait était odieux de bêtise, et les engagements qu’il m’avait promis, il ne les a pas faits ; mais, Dieu merci, je me suis retiré à temps. Actuellement, ma pièce est présentée au Gymnase. Point de nouvelles, jusqu’à présent, du sieur Montigny[1]. »
Flaubert ne put s’entendre avec le Gymnase. Il commençait d’ailleurs à douter du succès de sa comédie à la représentation. M. Émile Zola et quelques amis trouvaient l’agencement de la pièce très-faible, en dépit d’une idée ingénieuse et de scènes excellentes.
Gustave Flaubert ne fut point plus heureux avec une féerie, le Château des Cœurs, composée vraisemblablement en 1866, et à laquelle Louis Bouilhet, en société avec M. Charles d’Osmoy, avait collaboré. Quoique l’idée de cette féerie et la majeure partie des scènes doivent être attribuées à Gustave Flaubert, le Château des Cœurs se rattache à la vie littéraire de Louis Bouilhet et, à ce titre, il mérite au moins quelques lignes. M. Maxime Ducamp nous raconte d’une façon plaisante la genèse du Château des Cœurs. Flaubert, dit-il, avait imaginé d’écrire une féerie où il essaya de déployer un comique inconnu jusqu’ici « … Cette idée s’était emparée de lui tout entier. Il ne parlait que la Féerie, m’en racontait des scènes, m’en expliquait le mécanisme et n’arrivait pas à me convaincre qu’il ne perdît pas son temps. Au lieu des vieux trucs des théâtres populaires, au lieu des tables qui deviennent
- ↑ Correspondance de G. Flaubert avec George Sand, Lettre LXXXIV.