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LOUIS BOUILHET

nières Chansons fut onéreuse pour lui. « Savez-vous ce que Aïssé et Dernières Chansons auront produit à l’héritier de Bouilhet ? écrivait-il à George Sand. Tout compte fait, il aura à payer quatre cents fraucs. Je vous épargne le détail de la chose, mais c’est ainsi. Et voilà comme la vertu est toujours récompensée. Si elle était récompensée, elle ne serait pas la vertu… »[1].

Il ne se décourageait point pourtant. Il s’agissait de placer cinq actes en prose, dûs à sa plume et à celle de son ami, le Sexe faible’. Le Vaudeville, la Comédie française, l’Odéon, le Théâtre de Cluny, le Gymnase reçurent successivement sa visite. La correspondance échangée avec George Sand nous fait connaître les déboires de l’auteur de Salammbô.

26 mai 1874. «… Le Sexe faible, reçu au Vaudeville par Carvalho, m’a été rendu par ledit Vaudeville et rendu mêmement par Perrin, qui trouve la pièce scabreuse et inconvenante. « Mettre un berceau et une nourrice sur la scène des Français ! » y pensez-vous ! Donc, j’ai porté la chose à Duquesnel qui ne m’a point encore (bien entendu) rendu de réponse[2]. »

La réponse vint enfin. Le 3 juillet 1874. G. Flaubert écrivait à George Sand : «… Il m’a fait remettre le manuscrit du Sexe faible par l’intermédiaire de la direction du théâtre, sans un mot d’explication ; et, dans l’enveloppe ministérielle, se trouvait une lettre d’un sous-chef qui est un morceau ! Je vous le montrerai. C’est un chef-d’œuvre d’impertinence. On n’écrit pas de cette façon-là à un gamin de Carpentras apportant un vaudeville au théâtre Beaumarchais[3]. »

Le Sexe faible eût été représenté vraisemblablement

  1. Correspondance de G. Flaubert avec George Sand, Lettre LXVIII.
  2. Id., Lettre LXXXI.
  3. Id., Lettre LXXXII.