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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/119

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LE BOSSU.

Payé… qui vous dit, monseigneur que je ne le sois pas déjà… je voulais la perte de Lagardère et je vous l’ai livré ; je voulais sa mort et vous l’avez tué.

GONZAGUE.

Pourquoi l’as-tu trahi… Pourquoi le haïssais-tu ?

LE BOSSU.

Parce qu’il était aimé.

GONZAGUE.

Jaloux de Lagardère… toi ! Est-ce que par miracle tu serais amoureux ?

LE BOSSU.

Ce serait folie, n’est-ce pas ? Eh bien, monseigneur, je suis fou, j’aime.

GONZAGUE, riant.

Sans espoir.

LE BOSSU.

Je serais mort, si je n’espérais pas.

GONZAGUE.

Et, qui aimes-tu, mon pauvre Ésope ?

LE BOSSU.

Une femme qui aimait Lagardère… comprenez-vous maintenant ma haine pour cet homme, comprenez-vous que si je me suis fait votre allié, c’est que seul, je ne pouvais rien contre lui.

GONZAGUE.

Oui, je commence à comprendre… jusqu’à cette heure, et malgré les services rendus je me défiais de toi.

LE BOSSU.

Et maintenant.

GONZAGUE.

Je croirai à ta sincérité quand tu m’auras dit ce qui t’amène… tu n’es pas venu chez moi seulement pour me faire ta confession… tu as quelque chose à me demander.

LE BOSSU.

C’est vrai.

GONZAGUE.

À la bonne heure, que désires-tu ? de l’or pour éblouir, pour acheter celle que tu aimes.

LE BOSSU.

Elle ne se vendra pas.

GONZAGUE.

Mais elle ne se donnera jamais à toi.

LE BOSSU.

Vous pouvez me la donner, vous.