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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/120

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GONZAGUE.

Moi !

LE BOSSU.

Depuis que vous la tenez en votre possession, vous cherchez, j’en suis sûr un moyen de vous défaire d’elle et vous n’auriez jamais songé à celui que je vous offre.

GONZAGUE.

Comment, l’objet de ton monstrueux amour…

LE BOSSU.

C’est Blanche, fille de Philippe de Lorraine, duc de Nevers.

GONZAGUE.

Tu sais…

LE BOSSU.

Je savais les secrets de Lagardère, comme je devine vos projets, monseigneur, à tout prix vous ferez disparaître l’héritière légitime des immenses biens que vous convoitez, et que vous restituez apparemment à une prétendue fille du duc, que parce qu’à l’avance vous avez compté les jours qui lui restent à vivre. Vous avez maintenant à passer sur deux cadavres pour arriver aux trésors de Nevers. Eh bien, je débarrasse votre route et je vous évite le meurtre d’une enfant Ne tuez pas Blanche, donnez-la moi.

GONZAGUE.

À toi !

LE BOSSU.

À moi qui l’aime non pour son titre ni pour son or, mais pour sa jeunesse et pour sa beauté. Donnez-la moi, et je l’emmènerai loin de Paris, de la France, de l’Europe, si vous le voulez, donnez-la moi, non pas pour maîtresse, mais pour femme. Elle ne s’appellera plus du nom de son père, mais du nom de son mari.

GONZAGUE.

Tu es en délire… Elle ne consentira jamais.

LE BOSSU.

Ceci me regarde, ne suis-je pas un peu sorcier ?

GONZAGUE, riant.

Si encore elle était aveugle… tu aurais des chances… mais quand elle te verra…

LE BOSSU.

Laissez-moi tenter l’entreprise.

GONZAGUE, gravement.

Ne veux-tu pas faire ce qu’aurait fait Lagardère ? ne veux-tu pas prendre cette jeune fille pour la conduire à sa mère ?