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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/122

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Scène VI

GONZAGUE, ANGÉLIQUE, puis ORIOL, NAVAILLES et autres invités.
GONZAGUE, seul un moment.

Décidément, ce bossu est mon bon génie, il me débarrassera de Blanche comme il m’a délivré de Lagardère. (Apercevant dame Angélique qui entre.) J’allais vous faire appeler, dame Angélique, comment se trouve la jeune fille amenée ici cette nuit ? mieux, n’est-ce pas ?

DAME ANGÉLIQUE.

Oh ! monseigneur, c’est d’elle que je viens vous parler ; si je ne crois plus avoir à craindre pour sa vie, je tremble pour sa raison : il faudrait appeler un médecin peut-être.

GONZAGUE.

Ce soin regardera son mari.

DAME ANGÉLIQUE.

Son mari…

GONZAGUE.

Oui, dame Angélique,… cette nuit même je donne à cette pauvre enfant une dot et un époux. Dans quelques minutes, j’irai moi-même la chercher pour la signature du contrat, préparez la à cette petite cérémonie, qu’elle soit prête, (sérieusement), je le veux ; (et, du geste, il renvoie dame Angélique, au même moment les invités arrivent du fond, — souriant). Ah ! soyez-les bien venus, messieurs.

NAVAILLES.

Nous avons une nouvelle à vous apprendre. Une grande nouvelle.

GONZAGUE.

Voyons :

NAVAILLES.

Lagardère s’est pris, dit-on, de querelle avec les gardes de Bonnivet qui l’ont tué. Le hasard a fait justice.

GONZAGUE.

Mieux eût valu le bourreau que le hasard. Pardon, j’ai un ordre à donner. (Il sonne et se met à écrire. Un valet paraît. En lui remettant un billet). Ce billet pour maître Fidélin, mon notaire, à l’instant. (Le valet sort.) Messieurs ; j’ai aussi une nouvelle à vous apprendre. Cette nuit, vous êtes de noces.

TOUS.

De noces ?

GONZAGUE.

Oui, je marie une de mes protégées.