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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/121

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LE BOSSU.

Pensez-vous qu’Ésope serait bien accueilli de la fière princesse de Gonzague, s’il se présentait comme son gendre.

GONZAGUE.

Tu as raison. — Tout cela serait trop bouffon pour être dangereux.

LE BOSSU.

Vous consentez…

GONZAGUE.

Blanche, ne quittera cette maison que pour suivre son mari. Tu m’entends bien son mari… si elle refuse l’étrange alliance que je vais lui proposer, alors tu trouveras une autre récompense que je te puisse donner… quant à cette jeune fille…

LE BOSSU.

Elle mourra ?

GONZAGUE.

Elle prendra ces fleurs qui n’auront qu’un moment passé par mes mains, elle emportera ce bouquet dans sa chambre, elle en respirera l’énivrant parfum et demain, mon pauvre Ésope, demain, tu seras vengé. Sauve-la donc si tu peux. Mes amis viennent souper chez moi, ils signeront tous comme témoins le contrat que rédigera maître Fidélin, mon notaire, que je vais envoyer chercher. (Il sonne, un valet paraît). Giraud, je le confie ce garçon, conduis-le dans mon appartement ; déploie tout ton savoir faire, habille-le ? pare-le, fais le séduisant. (Au bossu.) Quand tu sortiras de ses mains tu seras au moins présentable. Pardieu, je ne m’attendais pas à donner cette nuit un repas de noces, avec toi, l’ami, on marche de surprise en surprise, voyons, ne m’en ménages-tu pas encore quelque nouvelle ?

LE BOSSU.

Peut-être bien !

GONZAGUE.

Vraiment, sais-tu que je ne serais pas étonné que tu fusses le diable en personne !

LE BOSSU.

Un pauvre diable, alors… qui sans vous ne pouvait rien.

GONZAGUE.

Giraud t’attend ! Allez beau fiancé et soyez prêt à deux heures.

LE BOSSU, saluant.

À deux heures. (Il sort avec le valet par la gauche.)