Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

TOUS.

Lagardère !

NAVAILLES.

Mais, il est mort…

CHAVERNY.

Je le sais bien, mais il ressuscitera pour ne pas manquer à sa parole. Il m’a écrit qu’il serait ici deux heures, et je gage que soit par la porte, par la fenêtre où par la cheminée, à deux heures, nous le verrons arriver.

GONZAGUE.

Rien n’est sérieux pour Chaverny, pas même la mort.

CHAVERNY.

Regardez à vos montres, messieurs ! (Ils regardent tous excepté Gonzague.)

NAVAILLES.

Eh bien, il est deux heures et personne ne vient, personne ne viendra.

CHAVERNY.

Vous vous trompez… j’entends marcher… on va nous annoncer M. de Lagardère. (La porte du fond s’ouvre, un valet paraît. À la vue du bossu, tout le monde part d’un éclat de rire. Le bossu est en costume de cavalier élégant et porte l’épée au côté.)


Scène VIII

Les Mêmes, LE BOSSU.
LE BOSSU.

Lagardère qui parle ici de Lagardère ? qui se souvient encore de Lagardère ? vous, monsieur de Chaverny ? vous êtes bien bon, Ésope seul sera cette nuit l’hôte de monseigneur le prince de Gonzague, Ésope seul sera le héros de la fête, Ésope s’est fait presque gentilhomme : voyez, il porte l’épée au côté, une rose à sa boutonnière, il se marie ; et la fine fleur de la noblesse de France va signer à son contrat, tout cela est bien étrange, monsieur de Chaverny, mais tout cela est réel… Lagardère est mort, vive le bossu qui l’a tué !

CHAVERNY.

Comment, misérable, c’est toi qui…

LE BOSSU.

C’est moi qui me marie, et je compte sur vous pour être un de mes témoins.

CHAVERNY.

Oh ! c’est trop d’insolence.