Aller au contenu

Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GONZAGUE.

Ma chère enfant, je vous répète que vous n’avez rien à craindre, vous êtes orpheline, sans fortune, sans appui, un ami vous a léguée à moi, et je veux vous offrir une dot et un époux.

BLANCHE.

Mon Dieu ! la douleur m’a rendue folle… et je ne suis pas bien sûre de comprendre ce que vous me dites.

GONZAGUE.

C’est moins un mari qu’un protecteur que je veux vous donner, ce protecteur ne consentez-vous pas à le voir ?

BLANCHE.

Un protecteur ! j’en avais un, et on l’a tué, oui… on l’a tué, puisqu’il n’est pas ici pour me défendre.

CHAVERNY.

Ce protecteur s’appelait Lagardère, n’est-ce pas, mademoiselle ?

BLANCHE.

Oui, oui.

CHAVERNY.

À défaut de Lagardère, absent ou mort, moi marquis de Chaverny ! je me déclare votre chevalier : ah ! si la violence vous a fait entrer dans cette maison, je jure Dieu, moi, de vous en faire sortir.

GONZAGUE.

Vous oubliez trop souvent que vous êtes chez moi, monsieur, j’offre une protection à mademoiselle, je ne la lui impose pas.

BLANCHE.

Qui êtes-vous donc pour me protéger ? je ne vous connais pas, monsieur, mais je sens là que vous êtes l’ennemi secret qui me poursuit depuis mon enfance, je ne vous connais pas, et c’est vous, j’en suis sûre, qui m’avez fait enlever, c’est vous qui avez fait tuer Lagardère… je ne veux rien de vous ni de personne, rien que la mort, oh ! si je vous fais vraiment pitié, tuez-moi, monsieur, tuez-moi. (Elle chancelle.)

CHAVERNY, la soutenant.

Elle s’évanouit. (On la fait asseoir.)

GONZAGUE, au bossu.

Mon pauvre Ésope, tes affaires vont mal.

LE BOSSU.

Elles iront mieux quand je les ferai moi-même.

CHAVERNY, qui a fait respirer des sels à Blanche.

Elle rouvre les yeux.