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Page:Anicet, Feval - Le Bossu, 1862.djvu/129

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LE BOSSU.

Blanche ! nous sommes ici au bord même de l’abime… un mouvement, un geste, tout est perdu.

BLANCHE.

Henri ! est-ce vous ? est-ce toi ?

LE BOSSU.

Silence !

NAVAILLES, au fond.

Voyez donc ! il n’est pas maladroit, il parle avant de se faire voir.

LE BOSSU.

Vous ne rêviez pas, Blanche, Henri est près de vous, Henri qu’ils croient avoir tué, Henri qui, sous un travestissement ridicule, a pu les tromper et parvenir jusqu’à vous… Gonzague, notre ennemi, vous laisse libre de choisir entre la mort ou un odieux mariage. Ces hommes ne croient qu’à l’enfer… Obéissez donc, Blanche, ma bien-aimée, obéissez en venant à moi, non pas à votre cœur, mais à je ne sais quelle bizarre attraction, qui sera pour ces hommes l’œuvre du démon, soyez comme fascinée par cette main qui vous conjure. (Il passe plusieurs fois la main sur le front de Blanche.)

BLANCHE.

Henri ! cher Henri !

NAVAILLES.

Il se montre bravement à la petite, il se met à genoux devant elle.

LE BOSSU, bas.

Ta main laisse tomber ta main dans les miennes… lentement, bien lentement, comme si une invincible puissance te forçait à me la donner malgré toi. (Blanche fait ce que veut Henri.)

CHAVERNY.

Comment elle lui donne sa main.

GONZAGUE.

Cet homme est donc le démon.

LE BOSSU.

Lève-toi maintenant… bien, regarde-moi, et laisse tomber ta tête sur mon épaule.

NAVAILLES.

Il l’a ensorcelée… et en cinq minutes, juste le temps qu’il avait demandé.

LE BOSSU.

Monseigneur, ma cause est gagnée… où est le notaire royal.