Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/4

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GERTRUDE, se mettant dans le fauteuil et dévidant un écheveau de laine qu’elle fait tenir à Valentin pendant qu’elle pelote.

Pauvre garçon !… Tenez-moi ma laine, voulez-vous ?…

VALENTIN.

Avec plaisir…

GERTRUDE.

Quand nous devrons nous quitter, je vous regretterai, Valentin.

VALENTIN.

Ce sera bien de l’honneur que vous me ferez.

GERTRUDE.

Vous êtes complaisant et bien plus adroit que cet imbécile de Dominique, qui nous a quittés sans dire pourquoi il s’en allait… Croiriez-vous que lui, un homme, avait plus peur que moi dans ce vieil hôtel de la rue de l’Ouest, où M. le comte est venu s’établir il y a trois mois…

VALENTIN.

Comment ! il avait peur… un grand rougeaud comme ça ?…

GERTRUDE.

Ah ! il devenait blême, quand on parlait devant lui d’un valet de cœur…

VALENTIN.

Oh ! elle est bonne, celle-là !… Il avait peur d’une carte ?

GERTRUDE.

Vous ne savez donc pas ce que c’est que les valets de cœur ?…

VALENTIN.

Faites excuse, je suis même très-fort au piquet et au bésigue…

GERTRUDE.

Mais je vous parle d’une bande de brigands qui est malheureusement trop connue…

VALENTIN.

Tiens, tiens…

GERTRUDE.

Et il est prouvé que les scélérats n’hésitent pas à tuer pour voler…

VALENTIN.

Ah ! c’est indigne ! Mais pourquoi les appelle-t-on les valets de cœur ?

GERTRUDE.

Parce qu’ils ont l’habitude invariable de laisser partout