L’ÉCOLE ET LA NATION
EN FRANCE
L’Allemagne a célébré cette année, avec un légitime orgueil, le centenaire d’une des plus grandes victoires morales que l’histoire ait enregistrées. Le miracle de 1813, c’est la résurrection d’un peuple par sa propre et seule volonté. Vaincue, écrasée, condamnée à une humiliation pire que l’anéantissement, la Prusse, au lieu de désespérer d’elle-même, a résolu de se redresser sur l’heure et dans un rôle infiniment agrandi, comme évocatrice de la patrie allemande.
On n’a peut-être pas assez remarqué l’analogie, presque le parallélisme, entre deux pages d’histoire : l’Allemagne au lendemain d’Iéna, la France au lendemain de Sedan. Malgré la différence des temps, c’est bien le même spectacle, celui d’un effort prenant son point d’appui dans l’âme des vaincus et faisant jaillir, au delà de toute vraisemblance, le changement des choses du changement des esprits.
Pour donner le signal du relèvement, nous n’avons pas eu Fichte et les Discours à la nation allemande. Mais Fichte lui-même s’inspirait de Condorcet, Et dans un autre langage, avec d’autres images, il s’appropriait les grandes audaces idéalistes de la Révolution française.
Nous aussi, après 1870, nous les avons reprises et comme découvertes à nouveau. Et chez nous, aussi bien que chez les compatriotes de Fichte, l’originalité fut de demander le salut de la patrie à la force en apparence la moins faite pour un