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l’école et la nation en france

pline et dont la Révolution encourage le libre essor. À tous les mécontents, l’Église donne ce qui leur manque, un centre, un lien, un plan, une méthode, une direction. Elle est le noyau autour duquel fatalement doivent venir se grouper pour l’action toutes les forces conservatrices.

De quelle hauteur ne les domine-t-elle pas, avec l’unité de sa doctrine, la majesté de sa tradition, l’autorité de son rôle divin, la puissance de son organisation ?

Il fallait donc s’attendre à un déplacement du lieu et des conditions de ce combat, tant de fois séculaire dans les pays catholiques, entre la société religieuse et la société civile.

Pour ne parler que des choses scolaires, seules ici en question, l’Église prit son parti avec une admirable décision.

Elle a perdu les congrégations enseignantes, cet incomparable instrument de ses conquêtes pédagogiques : elle s’en passera, tout en dénonçant l’excès de la persécution qui la frappe.

Elle a perdu le budget des cultes, elle a de plus perdu volontairement les biens d’Église qu’on lui offrait de garder en gardant les fabriques sous le nom de cultuelles : en échange elle a gagné la liberté.

Pour elle que signifie ce mot ? Il veut dire : liberté des cultes, puisqu’elle est à nouveau garantie par la loi de séparation ; liberté d’association, puisque la loi de 1901 n’en excepte aucune autre forme que les congrégations non autorisées et la loi de 1905 que les congrégations enseignantes : liberté d’enseignement enfin, puisque les lois Ferry consacrent l’existence des écoles privées et leur autonomie relative.

Il ne s’agit plus que de donner à ces trois mots une interprétation catholique, et aussitôt une ère nouvelle s’ouvre aux ambitions de l’Église.

Étant une société parfaite, ayant tous les pouvoirs non seulement d’un gouvernement mais du seul gouvernement divinement institué, l’Église ne peut comprendre les trois libertés que nous venons de rappeler que comme trois carrières ouvertes à l’exercice de son pouvoir, c’est-à-dire du pouvoir absolu, car il n’est rien s’il n’est pas tout.

La liberté des cultes qu’elle réclame, c’est le droit d’affirmer son infaillibilité, d’exiger de ses fidèles l’obéissance intégrale,