Page:Annales d’histoire économique et sociale - Tome 1 - 1929.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

158 ANNALES D'HISTOIRE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

phratrie, constituée d’abord par cooptation, affiliation...» et rappelant de près celle des confréries d'initiés ? La caste repose d'abord sur Ja naissance ; S'il se forme des castes nouvelles, c'est moins par la volonté de ceux qui la constituent que par le refus des autres membres de l'ancien groupe de les reconnaître ; dire que des Musulmans, des Chrétiens «se soumettent» au régime des castes «comme des laïques au moyen âge ont fondé des ordres nouveaux en faisant adopter par le souverain Pontife la « règle» adoptée par eux» nest pas exact ; on conserve sa caste en devenant catholique ; et les corporations, les sectes musulmanes, comme les tribus sauvages entrant dans V’Hindouisme, apparaissent à la conscience indienne comme de nouvelles castes. Juurs BLocu.

Colonisation.

Mr Maurice SATINEAU nous donne, chez Payot, une substantielle Histoire de la Guadeloupe sous l'ancien régime (1635-1789), enrichie d'illustrations bien choisies et qui se lit avec profit et agrément 3. Son travail est très sérieu- sement fait ; et on goûtera notamment les explications précises et les indica- tions à la fois riches et sûres qu'il a données, en appendice, sur les sources ct sur la bibliographie du pays étudié. Il y a Jà une quinzaine de pages nour- ries, el qui nous fournissent des renseignements sobres, mais contrôlés, sur des hommes comme les pères Du Tertre et Labat dont les relations sont si pré- cieuses pour nous — ou sur les principaux écrivains, d'autrefois ou d’au- jourd'hui, qui ont consacré des ouvrages à la Guadeloupe. En appendice éga- lement, un très curieux tableau détaillé d’un recensement de la Guadel et de ses dépendances en 1699 : recensement des « âmes» p mais aussi des « bestes», des fabriques (sucreries, raffineries, indigoleries) et — préoccupation intéressante — des armes et des munitions au pouvoir des habitants; le Lout dressé par «quartiers» et plus explicite que les deux autres recensements, de 1730 et 1739, que publie également Mr Satineau.

Ce livre réellement intéressant {et qui relève le niveau d’une collection d'histoires de pays, restée jusqu'ici plutôt médiocre) ne consiste pas en un simple exposé chronologique des vicissitudes politiques et administra- tives de la Guadeloupe. En une série de chapitres très pleins, et qui intéressent directement nos études, M' Satineau pose des problèmes et en examine soi- gneusement les données. Celui de la main-d'œuvre, tout d'abord, comprenant au début, trois éléments distincts : une main-d'œuvre autochtone qui ne fut jamais rationnellement utilisée ; une main-d'œuvre blanche, composée d’en- gagés ; une main-d'œuvre noire, ou métissée, formée d’esclaves. Mais à partir de 1750 environ, la main-d'œuvre indigène n'existait plus ; l'institution des engagés avait disparu ; seuls les esclaves restaient : ils furent, jusqu’à là fin de l’ancien régime, la seule catégorie de travailleurs utilisée dans l'ile. D'autres chapitres sont consacrés au régime économique du pays ; au pro- blème commercial ; au problème monétaire ; enfin, à la très grosse question de la condition matérielle et morale des esclaves, à leur affranchissement et







1. Paris, 1028, in-89, 100 p. �