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L’ACTIVITÉ INDUSTRIELLE DE L’ALLEMAGNE

tout de travailler plus longtemps. Tout en continuant de représenter la durée légale du travail, la journée de huit heures devient l’exception. Dans bien des cas, la modicité des salaires permet de faire accepter aux employés un travail supplémentaire en échange d’un accroissement souvent minime de la paye.

Les plus conciliants des chefs d’entreprise n’admettaient pas que les salaires-or de 1924 pussent être supérieurs à ceux de 1914. Ils se refusaient absolument à tenir compte de la dépréciation de l’or, qui amenait des représentants de syndicats ouvriers à réclamer une augmentation de 50 p. 100 sur la paye d’avant-guerre. Inférieurs même nominalement aux chiffres d’avant-guerre, les salaires ne pèsent pas alors sur l’industrie dans la même proportion qu’autrefois. Ils restent faibles par rapport au prix de la vie. Toutefois la situation des classes laborieuses s’est sensiblement améliorée depuis la stabilisation monétaire qui a fortement accru la véritable valeur de la paye ; quand le prix de toute denrée s’élevait en même temps que le mark s’effondrait, l’argent que recevait l’ouvrier deux ou trois fois par semaine se dépréciait, avant qu’il eût pu être converti en Sachwerte.

Au lendemain de l’ébranlement qu’ont entraîné la guerre et l’inflation, l’Allemagne dispose de forces productives considérables et de richesses immobilières accrues : ports et canaux développés, chemins de fer et postes munis des installations les plus modernes, puissant outillage adapté à une production qui pourrait être supérieure à celle d’avant-guerre. Mais la production industrielle et le pouvoir d’achat ont tous deux diminué ; l’activité économique est faible. Cette période de dépression persiste jusqu’à la fin de 1925.

II. — La « rationalisation »

L’année, qui achève le premier quart du xxe siècle, marque une étape décisive dans le développement économique de l’Allemagne. Après les lendemains de la guerre et de la révolution, après les troubles extraordinaires de l’inflation, après le profond désastre où l’occupation de la Ruhr a plongé l’industrie, après la crise qui a suivi la stabilisation monétaire, une période de temps est révolue en 1925, et une nouvelle phase s’ouvre alors, avec un état industriel où tendent peu à peu à se rétablir l’équilibre, le retour au prix normal des choses, un rapport raisonnable de l’intérêt au capital et du salaire au travail. La vie économique revient à un rythme régulier.

Les entreprises sentent la nécessité de réformer leurs méthodes et de se réorganiser sur une base scientifique. Une propagande ardente et ingénieuse est menée pour la modernisation de l’industrie. On dénonce le mauvais fonctionnement de son appareil productif trop compliqué et trop coûteux, les excès de son bureaucratisme, son igno-