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LE PROBLÈME DE LA POPULATION EN U.R.S.S. 49

1914,et cela malgré la séparation de pays comme la Pologne, les États baltes, la Finlande, la Bessarabie.

Mais la guerre et la révolution sont survenues et ont creusé dans la population russe une brèche énorme. D'après le recensement partiel de 1920, la population n’était plus à cette époque que de 134 million:


bien plus, au milieu de 1922, après la terrible famine de 1921, ce chiffre

tombait — d'après des évaluations — à 132 millions. Ceci correspond à une diminution absolue de 8 millions en sept ans ; mais, comparative.

ment à ce que devait être le chiffre de la population par le jeu de l'ac- eroissement normal (159 millions), la perte relative ressort à 27 mil- lions. Sur ces 27 millions la part due à l'augmentation des décès peut encore être évaluée à une certaine approximation pour la période de guerre extérieure : 2,5 millions tués au front ; 2,2 millions de décès parmi Ja population civile en plus de la normale ; 1,5 millions de sol- dats morts à la suite de blessures, Pour la période de guerre civile l'évaluation est beaucoup plus délicate. Suivant les régions, le coefti- cient de mortalité variait dans des proportions énormes : à Léningrad, en 1918, le coefficient de mortalité par 1 000 habitants était de 43,7; en 1919, de 72,6 ; en 1920, de 50,6 (au lieu de 26,3 en 1912-13). À Moscou, il était de 28 p. 1 000 en 1918 ; 45,1 en 1919 ; de 46,2 en 1920 {au lieu de 23,1 en 1910-14). En province,en 1920, le coefficient de mor- talité variait de 30 à 50 p. 1 000, au lieu de 26 à 30 en 1914. Évaluons ainsi — sous toutes réserves — l'accroissement de la mortalité à un tiers ; nous obtenons de 1918 à 1922 un excédent de décès de 6,5 mil- lions environ. Au total, de 1914 à 1922, le nombre des décès aurait dépassé la normale de 12,7 millions (2,5 millions tués + 1,5 millions blessés 4 2,2 + 6,5 millions civils — 12,7 millions)

I sensuivrait que le manque à gagner par suite de la diminution des naissances aurait ét6 de 27— 12,7, soit 14,3 millions. Pour la période de guerre extérieure certains auteurs évaluent cette diminu- tion à 1,9 millions. Ce chiffre n’a rien d’excessif si l'on s’en tient aux données relatives à Moscou et à Léningrad, qui font ressortir la dimi- nution de la natalité à un quart environ. Reste un déficit de 6 millions de naissances à reporter sur la période de 1918 à 1922. Quoi qu'il en soit, admettons le chiffre de 132 millions pour le chiftre de la popüla- tion en 1922.

Depuis lors il ÿ a eu une augmentation de 15 millions en cinq ans ; cela correspond à un accroissement annuel de 2,2 p. 100. Ce dernier chiffre est particulièrement impressionnant si l’on remarque que dans ces conditions une population doublerait en trente ans. Mais peut-être y a-t-il eu un relèvement brusque au début de cette période après le retour des hommes mobilisés, par suite de la détente morale et phy- sique consécutive aux horreurs de deux guerres extérieure et intérieure, par suite aussi du fait que les individus faibles ayant été éliminés pur







AN, D'HISTOIRE. — 119 ANNÉE, 4 �