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A TRAVERS LES LIVRES ET LES REVUES

L'Esclavage en Sicile depuis la fin du moyen âge.

Le servage, dans l'Europe médiévale et moderne, a été sinon toujours très bien compris, du moins souvent étudié. L’esclavage, beaucoup plus rarement. Il a joué pourtant, à la fin du moyen âge et jusqu'en plein cœur de ce qu'on est convenu d'appeler les temps modernes, un rôle qui ne fut point sans importance : à peu près uniquement, À vrai dire, dans les pays méditerranéens. De moment en moment, quelques recherches de détail viennent jeter un peu de lumière sur cette institution trop négligée. C'est ainsi que tout récemment les esclaves siciliens ont inspiré à M. Marr£o Gauioso, archiviste de Catane, un très consciencieux travail3, Cet ou- vrage sera vraisemblablement peu répandu hors de l'Italie. Je crois bon d'en marquer ici les résultats essentiels et d'indiquer en même temps les problèmes — quelques-uns d'un intérêt très général — qu'il laisse, au moins provisoirement, sans réponse. Peut-être quelques chercheurs puiseront-ils, dans ce compte rendu détaillé et critique, des suggestions utiles.

Durée de l'institution. — Son apogée semble avoir été les xrve, xve et xvie siècles, À ce moment, il n'est guère de maison noble, ceclésiastique où bourgeoise — même de fort petite bourgeoisie — qui n'ait son ou ses esclaves (p.24). Ce n'est pas que, au total, la proportion de la population servile à la population libre ait jamais été très forte (39 esclaves sur 3 099 habitants, en 1569, à Francofonte ; ce sont les seuls chiffres précis donnés par M. Gaudiose, p- 24, n. 7). Sur l’époque précédente — dynasties normande et souabo — nos renseignements sont beaucoup plus maigres, à la fois faute de documents {particulièrement de ces actes notariés qui, pour la fin du moyen âge, ont fourni à M. Gaudioso tant de données précieuses), et aussi parce que, selon toute apparence, les esclaves élaïent alors moins nombreux que par la suite ; il yen avoit pourtant (p. 19). Au xvue siècle, autant que je puis voir (M. Gau- dioso n’est pas très précis sur ce point), la population servile était encore assez abondante ; elle décline au xvir9, mais jusqu'au début du x1x°, l'esclavage demeura une institution officiellement reconnue {voir le texte du 22 mai 1812, qui sera cité plus bas).

Cette courbe est, à peu de choses près, celle de l'esclavage méditerranéen en général, autant du moins que les études entreprises jusqu'ici nous per- mettent d'en reconstituer le dessin. Une seule particularité notable : l'escla- vage paraît bien s'être maintenu, en Sicile, plus longtemps que dans la plu- part des pays chrétiens environnants. M. Gaudioso explique cette persistance













4. La seliaviti domesties in Sicilia dopo à Normanni. Legislazione-Dotirina-Formule, Catania, Cresrenzio Galâtola, 1926, in-8°, 138 p. La bibliographie de l'esclavage médiéval et moderne est prodigieusement disperste. J'ai indiqué quelques travaux essentiels dans Ja revue de Sunthèee historique, 1. XLITT 1927, p. 89, et, dans la même revue, au {. XLI, 1926, p. 98 et suiv.. à propos des thèses de M. Lefebvre des Noëtes sur la Force motrice. animale, esquissé, {rs sommairement, l'histoire de l'institution.