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leusement tiré parti de son sol, répugne, précisément par respect pour la nourriture qu’elle lui doit, à exploiter les richesses pourtant énormes de son sous-sol. Le Portugal avait une position maritime admirable : l’avantage, jusqu’au xve siècle, en était resté à peu près nul pour ce peuple de pâtres et d’horticulteurs.

Toujours est-il que par le degré de fixité qu’elles réalisent, ces formes de civilisation constituent des types qu’on peut géographiquement répartir. Il est possible de les grouper, de les classer, de les subdiviser. Ce travail est celui que pratiquent les sciences naturelles ; comment n’inspirerait-il pas aussi la géographie humaine ? C’est dans le plan de la géographie générale que s’inscrit cette forme de la géographie. On peut sans doute objecter à cette conception qu’elle risque d’induire en généralisations prématurées. Si ce péril est à craindre, il faut alors avoir recours en bonne méthode à des préservatifs. Je n’en saurais conseiller de meilleur que la composition d’études analytiques, de monographies où les rapports entre les conditions géographiques et les faits sociaux seraient envisagés de près, sur un champ bien choisi et restreint.


P. Vidal de la Blache.