surprise. Mais si vive que fut sa sympathie pour le deuil qui frappait son frère, Jane Austen, entourée d’un petit cercle d’amis et obligée de prendre part à la vie mondaine de la société de Southampton, n’eut pas le temps de s’abandonner à la tristesse. « Un plus grand nombre de gens qu’on connaît et beaucoup plus d’occasions de se divertir, voilà qui s’accorde bien avec notre prochain départ, écrit-elle en décembre. Certes, j’ai l’intention d’aller à autant de bals que je le pourrai, afin de ne pas faire un marché de dupe. Tout le monde est désolé de nous voir partir, tout le monde a vu Chawton et en parle comme d’un très joli village. Tout le monde connaît la maison dont nous donnons la description et personne ne la connaît en réalité…. Notre bal a été plus amusant que je ne pensais, et je n’ai pas commencé à bailler avant le dernier quart d’heure… C’était la même salle dans laquelle nous avons dansé, il y a quinze ans. Tout cela m’est revenu à la mémoire et, en dépit de la honte d’avoir tant vieilli, j’ai constaté avec satisfaction que j’étais aussi heureuse maintenant qu’autrefois… Vous ne vous attendiez pas à apprendre qu’on m’ait invitée à danser, mais cela m’est pourtant arrivé ». [1]
À suivre jour par jour la vie de Jane Austen, on pourrait croire, avec Mr. Austin Dobson, qu’elle ne contint jamais de roman d’amour. [2] « Jane Austen, écrit un autre critique, semble avoir puisé dans l’amitié tout l’appui et toute la tendresse dont sa nature avait besoin ». [3] Mais si l’auteur du mémoire déclare qu’il n’a point d’histoire d’amour à raconter d’une façon très certaine ni très détaillée, il parle cependant d’un bref épisode sentimental « a brief passage of romance », dont, pendant la vie de