Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/295

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qui fertilisent le sol et permettent aux grands troupeaux île se désaltérer à satiété. Du côté du pays rien ne manquerait, ce semble, au bonheur des tartares nomades du Kou-kou-noor. Mais peut-il y avoir de bonheur sans paix et tranquillité ? Ces pauvres mongols vivent toujours dans l'appréhension des attaques des brigands. Quand ceux-ci paraissent, on se livre un combat à outrance, et si les brigands sont les plus forts, ils emmènent les troupeaux et mettent le feu aux iourtes. Aussi les habitants des bords de la mer bleue veillent à la garde de leurs troupeaux, toujours à cheval, toujours la lance à la main, un fusil en bandoulière et un grand sabre passé à la ceinture. Quelle différence entre ces vigoureux pasteurs à longues moustaches et les mignons bergers de Virgile, toujours occupés à jouer de la clarinette ou à parer de rubans et de fleurs printanières leur joli chapeau de paille d'Italie !

« Nous séjournâmes pendant une quarantaine de jours sur les bords de la mer bleue. Mais les nouvelles de l'arrivée des brigands nous forcèrent souvent de décamper et de suivre les caravanes tartares qui ne faisaient que changer de place, sans jamais s'éloigner trop des magnifiques pâturages qui avoisinent le noor. Ces brigands sont des tribus du Sifan ou thibétains à tentes noires, qui habitent du côté des monts Bayen-hara, vers les sources du fleuve jaune ; leurs bandes nomades sont très-nombreuses et connues sous le nom générique de Kolo. On nous fit la nomenclature de ces hordes de brigands, et c'est alors seulement que nous entendîmes parler des Kolo-kalmouks. Ce qu'on appelle Kalmoukie est quelque chose de purement imaginaire. Les Kalmouks ne sont qu'une tribu de Kolo ou thibétains à tente noire. Les cartes géographiques sont aussi très-fautives au sujet du Kou-kou-noor. On donne à ce pays beaucoup trop d'étendue.