Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

marche nous allâmes dresser notre tente sur les bords du Mouren-ousson.

« Vers sa source, ce fleuve magnifique porte le nom de Mouren-ousson. Plus bas il s'appelle Kin-cha-kiang, en Chine c'est le Yia-dze-kiang ou fleuve bleu. Quand nous passâmes le Mouren-ousson sur la glace, un spectacle singulier s'offrit à nos yeux. Nous avions déjà remarqué de loin des objets informes qui paraissaient incrustés dans la glace au milieu de ce grand fleuve. Quel fut notre étonnement quand nous reconnûmes plus de cinquante bœufs sauvages qui, sans doute, s'étaient mis à la nage au moment de la concrétion des eaux. Leurs grandes têtes surmontées de cornes monstrueuses étaient à découvert, le reste du corps était pris dans la glace.

« Nous avons souvent aperçu dans les déserts du Thibet de grands troupeaux de bœufs sauvages. Ces animaux sont d'une grosseur démesurée. Leur poil est long et ordinairement noir ; quelquefois il tire sur le fauve. Ces bœufs sont surtout remarquables par la grandeur et la belle forme de leurs cornes. Quand on en trouve quelques-uns qui se sont isolés du troupeau, on peut se hasarder à les mitrailler. Mais il faut que les chasseurs soient en grand nombre pour bien assurer leur coup ; car s'ils ne tuent pas cet animal facile à irriter, ils en seront infailliblement broyés et mis en pièces.

« Nous avons souvent aussi fait la rencontre de certains animaux que les gens du pays nomment mulets-sauvages. Ils ont le corps petit et effilé. Leur poil est invariablement roux sur le dos ; mais sous le ventre, au front et aux jambes il tire sur le blanc. Leurs oreilles sont longues et semblables à celles des ânes et des mulets. Leur tète, grosse et disgracieuse, n'est nullement proportionnée à l'élégance de leur corps. Ils sont d'une