Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/310

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sur les monuments, sur le fronton des maisons et le portail des temples. Souvent on rencontre de longs enchaînements de bandelettes faites de papier, de soie, de peaux ou d'autres matières, liées à des cordages allant d'un arbre à un autre ; quelquefois suspendues au dessus d'un fleuve et attachées au ravin de l'un à l'autre bord : on en trouve même avec des proportions grandioses tendues de la cime d'une montagne à la cime de la montagne voisine, et qui couvrent le vallon d'une ombre toujours agitée : chacune de ces bandelettes est écrite en entier de la prière mille fois répétée Om ma ni pat mé houm.

« Dans les déserts les arbres sont dépouillés de leur écorce pour recevoir cette prière sur leur substance ligneuse mise à nu. Les chemins sont bordés de pierres sur lesquelles on distingue les débris de cette inscription à demi effacée ; les rochers en sont couverts et la font lire de loin au voyageur écrite en caractères gigantesques. Sur le sommet des montagnes, dans le fond des vallées on rencontre à chaque pas de grands monuments, faits de pierres brutes amoncelées ; chaque pierre a sur sa surface et ses contours ces mots symboliques. On voit fréquemment ces monuments couronnés de branches d'arbres auxquelles sont suspendues des milliers d'omoplates ou d'autres ossements, couverts en entier de cette prière. Ce sont quelquefois, au lieu de branches d'arbres, des tètes de cerfs avec leurs bois longs et rameux, des tètes de bœufs ou d'énormes bouquetins avec leurs cornes ramenées en croissant ou retournées sur elles-mêmes comme du fil élastique. Le front de ces tètes, dépouillé de sa peau et blanchi, se voit toujours dans toute son étendue couvert d'écriture, et l'écriture n'est jamais autre que cette prière.

« On l'écrit sur des cranes d'hommes desséchés, sur