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Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/651

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à moitié chemin. En un mot, quand nous touchâmes aux frontières de l'empire chinois, nous étions suivis de quatre cercueils, sans parler de huit hommes qui étaient tombés dans les abymes, et dont on n'avait pu retirer les cadavres.

« Arrivés à la capitale du Su-tchuen, nous eûmes une entrevue avec le vice-roi. Il comprit combien le gouvernement chinois s'était compromis par l'illégalité et la barbarie dont on avait usé à notre égard dans le Thibet ; il blâma hautement le délégué de la cour, et pour ne se trouver en rien mêlé dans les conséquences de cette affaire, il prit tous les moyens de nous faire continuer la route, depuis le Su-tchuen jusqu'à Canton, avec les commodités et même les honneurs convenables. Mais l'insatiable cupidité des mandarins subalternes, commis à notre conduite et aux soins de notre nourriture, annulla toujours l'effet des mesures prises par le vice-roi. Nous eûmes spécialement à nous plaindre des administrateurs de la capitale du Hou-pé, qui se moquèrent des égards qu'on nous avait témoignés dans le Su-tchuen. « A quoi bon, dirent-ils, tant de ménagements pour ces étrangers, parce qu'ils sont français ? Dans cette ville, nous avons eu entre les mains deux hommes de cette nation, et nous les avons impunément torturés et mis à mort. » — Ils voulaient parler de MM. Clet et Perboyre, Lazaristes français, martyrisés dans le Hou-pé.

« Aussi, à partir de cette capitale nous vîmes redoubler les misères de notre voyage ; tous les jours nous eûmes à souffrir de la faim et des outrages de la populace, qu'on ameutait contre nous. Poussés à bout et au comble de l'épuisement à notre arrivée dans la capitale du Kian-si, nous nous rendîmes incontinent au tribunal du gouverneur, et nous déclarâmes que