Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/759

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appelé Sato-Nomakau, s'était rendu deux fois coupable de la mort du Talaï-Lama, avant qu'il eut atteint sa majorité, et il menaçait encore les jours de l'enfant qui règne actuellement : il prétendait par là entretenir une minorité perpétuelle sur l'autel du Bouddhala, et garder toujours concentrée dans ses mains la suprême autorité. Ces attentats avaient jeté la stupeur dans le Thibet, mais surtout parmi les grands Lamas. Us se rassemblèrent dans la capitale et y appelèrent aussi l'un des leurs, appelé Tchang-Kia-Fas, dont le siège est à Pékin, et qui sert comme de grand pénitencier à l'Empereur. Tous ensemble, voyant qu'une guerre civile éclaterait inévitablement dans le Thibet, s'ils levaient l'étendard contre leur Roi, prirent le parti de dénoncer sa conduite à l'Empereur, et d'invoquer son secours pour mettre à couvert les jours de leur Pontife. Cette délibération avait été portée à Pekin en 1844, par l'ambassade que nous venions d'accompagner dans son retour au Thibet.

L'Empereur, ravi d'une occasion qui pouvait augmenter son influence dans ces pays reculés, montra l'empressement le plus vif à se prêter aux vues des Lamas. Il rappela de l'exil le mandarin Tartare Khy-Chen, qui avait, quelques années auparavant, encouru son indignation pour avoir trahi ses intérêts en traitant avec les Anglais de Canton, et l'envoya à H'Lassa avec tous les pouvoirs dont l'invitation des Thibétains permettait de l'investir. Khy-Chen avait rempli sa mission avec courage ; et moitié par ruse, moitié par force, il avait engagé le Roi homicide de Bouddha à aller se mettre entre les mains de l'Empereur. Le trône de Sato-Nomakau, devenu vacant par sa déposition, venait d'être rempli par un jeune Lama de dix-huit ans, qui était à peine installé quand nous arrivâmes. Khy-Chen, fier de