Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/768

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ils sont toujours la souche d'une nouvelle incarnation bouddhique.

Nous arrivâmes à Ta-tsien-lou, première cité chinoise de la frontière, quatre mois après notre sortie de H'Lassa. Le cortège de cercueils qui nous accompagnait fut déposé dans cette ville, et un nouveau Mandarin fut nommé pour nous conduire jusqu'à la capitale de la province, appelée Tching-ton. Dès lors nous nous trouvâmes entièrement entre les mains des Chinois, car dès qu'on a passé Ta-tsien-lou, on ne rencontre plus de Thibétains. Le sort de M. Perboyre, mis à mort quelques années auparavant, nous avertissait assez de ce qui pouvait nous être réservé ; mais habitués depuis deux ans à avoir sans cesse la mort présente sous les yeux, de mille manières différentes, nous n'éprouvions aucune crainte. La pensée d'être traduits devant les tribunaux, et d'y souffrir le martyre, nous apparaissait comme la fin la plus heureuse de notre course, et comme la plus belle récompense que Dieu pût accorder à nos désirs. Nous marchions donc à grandes journées, impatients plutôt qu'inquiets de voir quelle serait l'issue de notre affaire.

Le bruit de notre arrestation nous avait de beaucoup précédés ; les Mandarins l'avaient même fait afficher publiquement ; mais en même temps on avait appris la triste fin de nos conducteurs et d'une partie de nos satellites. Ces événements, qui montraient la colère du ciel visiblement déchaînée contre les agents de cette persécution, avait semé la terreur dans les lieux où nous devions être jugés.

Arrivés à la capitale, nous fûmes logés chez l'intendant des prisons, et dès le lendemain conduits au tribunal, La séance était disposée avec un