Page:Annales de la propagation de la foi, Tome 19, 1847.djvu/769

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appareil inaccoutumé ; au lieu d'un seul Mandarin, comme dans les causes ordinaires, les cinq premiers magistrats de la province y étaient venus prendre place. Leurs officiers formaient de chaque côté une longue haie, depuis la grande porte jusqu'au fond de la cour où siégeait le tribunal ; sur les gradins, on voyait, debout, une troupe de bourreaux armés de leurs instruments de torture : les uns soutenaient des cangues, d'autres agitaient dans leurs mains des fouets, étalaient des chaînes qu'on faisait rougir au feu, ou des roseaux pointus pour être plantés sous les ongles, enfin tout l'appareil des divers genres de supplices en usage chez ces barbares. Tous ces bourreaux forment comme un cercle autour du prévenu, et se tiennent prêts à exécuter à l'instant même les arrêts du juge. On déploie à dessein aux yeux de l'accusé cet effrayant spectacle, afin que la vue des instruments de supplice abatte son courage avant même que la torture lui soit appliquée.

La grâce divine que Jésus-Christ promit à ses disciples lorsqu'ils seraient conduits devant leurs persécuteurs, nous vint sensiblement en aide ; car au lieu de chanceler, nous nous sentîmes comme électrisés en présence des Mandarins et de cette troupe de bourreaux.

On commença par nous sommer de nous mettre à genoux. (Il faut savoir qu'en Chine, tout homme comparaissant devant un tribunal, qu'il soit accusé ou accusateur, ou même simple témoin, doit se mettre à genoux ; la règle est générale et ne souffre jamais d'exception.) Néanmoins cette injonction nous révolta, et, continuant à nous tenir debout, nous répondîmes tous les deux à la fois, quoique sans nous être concertés : « Non, jamais nous ne fléchirons