On est un peu surpris de ne pas trouver dans cette liste le nom du Conseiller Clerc Lenoir[5], qui était rapporteur. Il ne siégeait pas, étant clerc, à la Tournelle, où se jugeaient les affaires criminelles. D’ailleurs les conseillers de service à la Tournelle « ne laissent pas néanmoins que d’entrer et de rapporter en la Grand Chambre… les procès dont ils sont rapporteurs[6]. »
Il est impossible que le greffier ait omis le nom du rapporteur par inadvertance : peut-être était-il malade ou empêché ce jour-là. En tout cas, on procéda en son absence : faut-il y voir un indice de la hâte qu’on mit à condamner l’Emile ? Le livre se distribua dans la seconde quinzaine de mai[7]. La Pentecôte étant le 30 mai, le Parlement fut en vacances depuis le samedi 29 jusqu’au lundi 7 juin : ainsi en rendant l’arrêt le 9, il n’y eut pas de temps perdu. Je doute que le rapporteur eût été nommé avant les vacances[8] : les amis de Rousseau ne l’auraient pas ignoré, et comment dès lors eût-il pu douter jusqu’au 8 juin qu’on dût le poursuivre ? Il faut supposer le rapporteur désigné seulement le 7 ou le 8.
- ↑ Conseiller depuis 1725.
- ↑ Leprêtre de Lezonnet, conseiller depuis 1720.
- ↑ Conseiller depuis 1715. Cons. honoraire à la Grand Chambre. Président de la Cour des aides.
- ↑ Conseiller depuis 1720.
- ↑ Conseiller depuis 1738.
- ↑ Almanach royal, 1762, p. 204.
- ↑ Rousseau fait distribuer le 23 mai les exemplaires qu’il offre. (Lettre du 19 à Mme de Luxembourg).
- ↑ A la Faculté de Théologie, le livre n’est dénoncé que le 7 juin : voyez plus loin.