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annales de la société j. j. rousseau

indulgent quand elles cherchent à réparer, par un meilleur choix, l’erreur de la famille[1]. Au dix-huitième siècle, la coutume d’avoir un amant était admise chez les femmes du monde. On ne demandait que la décence dans la conduite. Comme le dit Saint Marc de Girardin « la morale était plus corrompue que les mœurs Mme d’Houdetot aima constamment Saint Lambert, jusque dans son extrême vieillesse, ce qui permit au comte d’Houdetot de dire « Nous avions, Madame d’Houdetot et moi, la vocation de la fidélité, seulement il y a eu un malentendu. Mlle d’Ette a parfaitement donné la maxime de l’époque « Ce n’est que l’inconstance d’une femme dans ses goûts, ou un mauvais choix, ou l’affiche qu’elle en fait qui peut flétrir sa réputation. L’essentiel est dans le choix[2]. » Les ménages étaient heureux ainsi. M. d’Epinay recevait chez lui Francueil et Grimm, tandis que sa femme pratiquait la philosophie du siècle « dans toute sa hardiesse et toute sa grâce. »

Jeune, riche, jolie, intéressante, pleine d’esprit, Mme d’Epinay tenait sa cour au château de la Chevrette, dans la riante vallée de Montmorency. Nous devons nous y arrêter, car la marquise de Verdelin va bientôt faire à la Chevrette de fréquentes apparitions.

L’ancienne Chevrette n’existe plus. Elle fut détruite avant la Révolution. Le promeneur qui descend à la station de la Barre-Ormesson peut encore voir, tout proche, l’emplacement de la célèbre demeure. Le

  1. Cf., le beau livre d’Edmond Pilon : La vie de famille au 18e siècle. Paris, H. Jonquière.
  2. Mémoires de Mme d’Epinay. T. I. f. 116.