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madame de verdelin

qui contenait la phrase vengeresse à l’adresse de Diderot Le livre paraît en octobre avec le plus grand succès. Rousseau redevient tranquille et apaisé.

C’est au milieu de ces tristesses et de ces joies que la nouvelle châtelaine de Soisy, la marquise de Verdelin, pénétra dans la vie de Jean-Jacques qu’elle avait déjà connu à Magency et à la Chevrette :

« Elle vint me voir plusieurs fois à Montlouis sans me trouver, disent les Confessions, voyant que je ne lui rendais pas sa visite, elle s’avisa de m’envoyer des pots de fleurs pour ma terrasse. Il fallut bien l’aller remercier C’en fut assez. Nous voilà liés ».

La liaison commença par être orageuse comme toutes celles que formait Rousseau. Continuons le récit des Confessons :

« Il n’y régna jamais un vrai calme. Le tour d’esprit de Madame de Verdelin était par trop antipathique avec le mien. Les traits malins et les épigrammes partent chez elle avec tant de simplicité qu’il faut une attention continuelle et pour moi très fatigante pour sentir qu’on est persiflé. Une niaiserie qui me revient suffira pour en juger. Son frère venait d’avoir le commandement d’une frégate en course contre les Anglais. Je parlais de la manière d’armer cette frégate, sans nuire à sa légèreté. « Oui, dit-elle, d’un ton tout uni, l’on ne prend de canons que ce qu’il faut pour se battre »[1].

Sainte-Beuve et, plus tard, Faguet se sont demandés ce qu’il peut bien y avoir de persiflage dans ce propos de Madame de Verdelin. Nous nous le de-

  1. Confessions : Livre X. T. III, p. 95.