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madame de verdelin

pondre et plus vous m’y obligez moins vous me faites de reproches, plus je m’en fais à moi-même. Je n’entendis jamais parler d’une tyrannie pareille à la vôtre, de vouloir me forcer, malgré moi-même, d’être toujours mécontent de moi.

« J’apprends encore que votre santé n’est point bonne ; et quand vous m’écrivez des lettres qui me font honte, j’ai peur que vous ne vous donniez des migraines pour me donner du chagrin. Je ne serais pas fâché que l’air de Paris ne vous convînt guère, si cela vous engageait à demeurer toujours à Soisy. Et à propos de Soisy, ne pourrait-on pas vous proposer de payer, quand vous y serez, vos lettres en visites surnuméraires, et pour chaque lettre que vous m’aurez écrite, de vous aller voir, par exemple, deux fois de plus. Si ce marché pouvait vous convenir, il me conviendrait beaucoup mieux, et je trouverais fort commode d’acquitter ainsi tous les plaisirs qu’on me fait, en m’en donnant deux fois davantage.

« Je remercie de tout mon cœur Monsieur de Verdelin de son souvenir et de ses bontés, et je vous supplie de l’assurer que je serai charmé de cultiver l’un et l’autre lorsqu’il sera de retour à Soisy. Je suis bien sensible aussi à l’amitié de notre voisin, et il verra bien dans l’occasion, que ce n’est pas faute de confiance que je ne me suis pas jusqu’ici prévalu de ses offres »[1].

Le voisin dont il est question n’est autre que de Margency qui avait, en effet, écrit à Rousseau le 15 novembre précédent pour lui offrir, de la part de M. de Malesherbes, une place vacante au « Journal des Savants ». Jean-Jacques déclina l’offre :

  1. Correspondance générale, T. V, p. 10.