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annales de la société j. j. rousseau

« La gêne insupportable de ne pouvoir travailler à mon heure, dit-il dans ses Confessions, et d’être commandé par le temps l’emportèrent sur tout et me déterminèrent à refuser une place pour laquelle je n’étais pas propre. Je savais que tout mon talent ne venait que d’une certaine chaleur d’âme sur les matières que j’avais à traiter et qu’il n’y avait que l’amour du grand, du vrai, du beau qui put animer mon génie »[1].

Par une lettre qui n’est pas connue, Rousseau remercia Margency « avec toute l’honnêteté possible » en lui exposant ses raisons.

Mme de Verdelin avait tout de même été peinée de certaines phrases désobligeantes de Rousseau. Elle en fit part à Margency qui écrivit à Jean-Jacques : « Notre amie m’a dit que vous lui aviez écrit que vous ne l’aimiez plus. J’ai décidé, sans examiner l’affaire, qu’elle avait tort et que vous aviez raison. » Mais Jean-Jacques savait par expérience que les rebuffades lui réussissaient à merveille. Ne lui attiraient-elles pas caresses et douceurs ?

« Quand vous me querellez, Monsieur, lui écrivait la marquise de Verdelin, je me gronde et m’afflige, parce que je me persuade que j’ai eu l’air d’avoir tort et puis je me console en me disant que vous ne me connaissiez pas bien encore, et que l’année prochaine vous ne me gronderez plus. Voilà ce qui doit vous expliquer pourquoi je ne vous rend point des injures. Il est vrai que j’ai un rhume considérable il m’ôte le sommeil et point du tout l’appétit. Je ne quitte pas mon feu je voudrais bien, mon voisin, que vous prissiez autant de soin de votre santé que j’en prends de la mienne. Je vous avertis qu’on

  1. Confessions. Livre X.