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ÉDITIONS DU XVIIIe SIÈCLE

de fréquents démêlés dont le prétexte furent les retards de l’impression. Rousseau accuse Rey fort aigrement de ne rien expédier, et Rey s’excuse ou insinue que l’auteur ne corrige pas régulièrement. Il semble bien d’ailleurs que ce fut Rey qui laissa traîner l’impression en longueur. Dès le 20 octobre 1759, Rousseau prenait ses précautions. Il avertissait que son livre était attendu avec « quelque sorte d’impatience qu’une longue disette de romans doit naturellement augmenter. » Mais il y a sous presse plusieurs ouvrages analogues et « il est à croire que la curiosité sera éteinte » avant que Rey se soit mis en état de la contenter. Le 8 mai 1760, le 18 mai, le 28 mai, etc… Rousseau affirme son exactitude, s’irrite des reproches de Rey et revient sur ses affirmations et ses craintes : « outre que la réputation de ce recueil commence à chanceler et qu’on n’en voudra plus s’il tarde à paraître, je sais qu’il doit paraître, durant l’hiver, des nouveautés capables d’absorber l’attention du public. » Rey se défend comme il peut, insinuant, le 10 mai, que Rousseau n’est pas très exact, sans peut-être qu’il y ait de sa faute, avouant à la même date, ou le 12 septembre, des retards dans le travail, se plaignant à nouveau, le 20 octobre, de retards d’épreuves dont la poste dut avoir sa part[1].

En même temps Rousseau s’irrite amèrement et constamment de l’incorrection des feuilles, des « fautes horribles » qu’on lui envoie. L’imprimeur n’est pas seul coupable. Son manuscrit parti, il expédie encore des changements, importants surtout pour la première partie, et qu’il faut repérer. Les erreurs sont dès lors

  1. Bosscha : pp. 81, 90, 92, 96, 97. — Lettres de Rey du 10 mai 1760, 26 mai, 12 septembre, 20 octobre.