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ANNALES DE LA SOCIÉTÉ J. J. ROUSSEAU

avait d’abord espéré qu’elles arriveraient à Paris vers le milieu de décembre[1]. Les difficultés de la navigation d’hiver furent cause que le 31 décembre le « navire » n’était pas encore à Bruxelles. L’arrivée devait avoir lieu à Paris le 9 janvier. Elle est faite en tous cas le 17[2]. Mais les exemplaires ne furent pas immédiatement mis en vente.

Rey, en effet, n’avait pas conjuré le péril pour avoir vendu ses deux mille exemplaires à Robin. L’imprimerie au dix-huitième siècle était une entreprise si semée de périls et d’embûches qu’on s’étonne de voir malgré tout les livres s’éditer avec quelque aisance. Les risques que Rey ne courait plus, c’est Robin qui les affrontait, et si Robin ne vendait pas, c’est Rey qui n’était pas payé. Dès la mise en vente, et même avant, si quelque exemplaire s’égarait, c’était le champ libre ouvert aux contrefacteurs. Il s’agissait donc pour Rey et pour Robin d’obtenir de M. de Malesherbes une sorte de privilège, l’interdiction de toute réimpression du roman en dehors des deux mille exemplaires envoyés à Paris. Déjà en août 1761, Rey avait soupçonné qu’une édition parisienne de Julie se préparait, et il avait écrit à Rousseau pour lui demander de s’y opposer. Rousseau répondit sèchement qu’il n’était question de rien ; mais le péril n’était que différé. C’était de M. de Ma-

    reçu les épreuves corrigées par Rousseau. La lettre doit donc être datée fin octobre ou commencement novembre. Dans tous les cas elle est antérieure au 24 novembre, ou plutôt à l’arrivée à Paris d’une lettre du 24 où Rey annonce l’expédition de l’ouvrage.

  1. C’est ce qu’espère aussi Rousseau dans une lettre à Lenieps du 11 décembre 1760 (X, p. 244.)
  2. Lettres de Rey du 23 octobre 1760, 30 novembre, 26 décembre, sans date, 24 novembre, 31 décembre, 9 janvier 1761, 17 janvier.