Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 8.djvu/13

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de faire apparaître un Rousseau logique qu’un Rousseau vrai.

Quelle sera donc pour cela la méthode efficace et logique ? Il y a des règles générales que je rappelle en deux mots pour mémoire peser soigneusement le sens et la portée des textes, y considérer l’esprit plus que la lettre, et en regarder toujours les limites ; ne pas imposer à l’auteur des conséquences, si bien déduites qu’elles soient, comme partie intégrante de sa propre pensée, puisqu’il les aurait peut-être déclinées, et surtout ne pas substituer à cette pensée la conséquence qu’on en déduit ; distinguer les valeurs inégales des idées qu’il exprime, et ne pas traiter comme valeurs de même ordre et comparables ou réciproquement compensatrices, un chapitre mûrement pensé et la boutade, le cri ou la plainte d’une lettre familière écrite sous la pression d’une circonstance ou dans la fièvre d’une émotion ; ne pas introduire sans y penser dans notre raisonnement des suppositions arbitraires sur la signification d’un texte. (Ainsi quand Rousseau rudoie ou décourage cet abbé qui veut appliquer l’Emile, il faudrait savoir qui est l’abbé, avoir sa lettre : peut-être Rousseau ne prend-il pas son correspondant au sérieux, peut-être s’en défie-t-il. Ce n’est peut-être que de l’abbé qu’il doute, et non des idées de l’Emile. Le plus médiocre écrivain qui a connu le succès un seul jour, sait bien qu’on a parfois des admirateurs ou des disciples qu’on aimerait mieux ne pas avoir ; et qu’on frémit parfois de la manière dont ceux qui nous louent nous comprennent). Etc. Etc.

Outre les règles générales de méthode, il faut considérer quelle méthode particulière doit s’appliquer à