Page:Annales de la société Jean-Jacques Rousseau, tome 8.djvu/16

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ou scientifique. Toutes ou presque toutes ses pensées, ses constructions de pensées sont, à l’origine, l’expression d’un malaise sentimental ; ses doctrines les plus abstraites sont les prolongements de ses émotions, qui elles-mêmes sont des réactions contre des réalités dont il est froissé ou blessé. On n’en peut déterminer le sens précis et la valeur exacte que lorsqu’on a repassé de l’idée au sentiment et du sentiment au fait social ou domestique.

Ces observations m’ont conduit à ne plus chercher, comme on le fait d’ordinaire, et comme je l’ai fait autrefois, si le système de Rousseau enferme ou n’enferme pas de contradictions au point de vue de la dialectique pure, mais si depuis le dégagement des vues qu’on appelle son système, vers 1752, sa pensée a suivi certaines directions constantes, a maintenu et lié certaines affirmations générales.

Ce serait un travail sans limites que de suivre dans le détail des œuvres l’application de la méthode que j’indique, et d’aborder tous les points où l’on a cru prendre Rousseau en contradiction avec lui-même. Je dois ici me borner : aussi me contenterai-je d’indiquer avec le plus de précision que je pourrai, comment je comprends ce travail et à quels résultats principaux il me semble devoir conduire. Ne pouvant faire dénier tous les textes sous les yeux et en discuter minutieusement l’interprétation, je m’attacherai à voir d’ensemble chaque œuvre ou chaque développement de Rousseau, en tenant compte de tous les correctifs et de tous les reculs qui s’y constatent et en tempèrent immédiatement les outrances. Je considérerai moins telle ou telle expression littérale qu’on peut rencontrer que la ten-