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paquets 210 hommes (chiffre donné généralement) ; parmi les victimes se trouvaient sept vieillards de 72 à 78 ans et quatre enfants de treize à dix huit ans ! Un adolescent de douze ans trouva seul grâce devant ces bourreaux[1] !

L’audience fut troublée par divers incidents. Sig. Hugo, qui voulut prendre la défense des accusés, se vit refuser la parole, et la municipalité de Bouguenais, son maire Kerlégand en tête, s’étant interposée pour sauver quelques-uns des accusés, fut arrêtée et conduite à Nantes à la prison du Sanitat. Il est possible que Beilvert ait dénaturé et amplifié le motif des arrestations, mais en tout cas il est impossible de se reporter à d’autres accusations, qu’à celles des guides qui arrêtèrent ces malheureux.

Beilvert doit-il être rendu responsable de ces terribles jugements ? Moralement il n’y a guère à en douter ; mais, régulièrement couvert par ses chefs, il échappe à toute responsabilité. Le rappel de son rôle dans cette odyssée était cependant nécessaire ; ce rôle, en effet, ne cadre que trop bien, hélas ! avec la cruauté des actes que nous allons avoir maintenant à exposer.

Nous avons vu Beilvert acquitté ; le jugement veut, que dans toutes les communes cent affiches proclament son

  1. Nous nous permettrons de signaler à M. A. Lallié, qui avec une droiture et une habileté d’historien consommé a mené son enquête sur cette terrible tragédie, qu’aux archives de Rezé existe un état du 15 ventose an IV (5 mars 1796) signé de l’Orme fils, receveur d’enregistrement et des domaines et portant pour titre : « État des individus de Bouguenais, condamnés par la Commission militaire séant à Nantes. »

    Il ramène le nombre des victimes à 182 ; en face le nom de plusieurs est écrit : existe encore. Au bas de la pièce se trouve cette annotation : « Extrait des jugements véritables envoyés à Paris sous différentes dates. »