Page:Annales de la société royale académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 3, 1832.djvu/352

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C’était à M. Jean-Baptiste Say qu’il était réservé de les faire cesser, et de nous transporter sur le terrain où depuis lui, se sont établies les discussions économiques, destinées, n’en doutons pas, à accroître l’aisance des peuples, sous quelque régime que îles place leur imprudence ou leur sagesse.

La première édition du traité d’économie politique de notre collègue date de 1803. Depuis lors, nous n’avons plus navigué sans boussole. Si tous les nuages ne se sont pas tout-à-coup dissipés, du moins avons nous pu contempler sans vertige la voie que nous avions à suivre.

Un même point de départ a été commun a tous les poursuivants. À la question première, qu’est-ce que la richesse ? a été unanimement répondu que c’était la valeur des choses, reconnue dans leur utilité raisonnable ou déraisonnable, quand elles se présentent à l’échange. Quoique l’expression utilité raisonnable ou déraisonnable fût peut-être remplacée avec plus de clarté par celle de besoin judicieux ou imprudent, il n’y en a pas moins identité dans le principe.

Dans leurs efforts de progression, quelque variés qu’ils fussent, les économistes se sont tous portés dans une seule et même direction, vers la création sans violence des valeurs. Contournant les difficultés qu’ils ne réussissaient pas encore à vaincre, il a pu leur arriver de subir des déviations divergentes ; mais elles n’ont plus produit de scissions réelles, ou d’hérésies, car tous ont invinciblement cherché leur redressement vers un même pôle, je veux dire vers la plus abondante aisance, non de quelques individus, mais de tous