Page:Annales de la société royale académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 3, 1832.djvu/359

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous fait estimer l’écrivain ; il m’est pénible d’être contraint de renoncer à vous en entretenir. Mais qu’il me soit du moins permis pour conclure, et quand le dogme de la propriété dans ses conséquences a failli de nos jours recevoir des atteintes, de vous signaler pour l’honneur de la science économique, que ce dogme fût éloquemment, invinciblement protégé par le zèle défenseur de nos libertés, par le promoteur éclairé de notre bien-être social, par M. Say, non plus invoquant des arguments métaphysiques, obscurs-on subtils, mais le présentant nettement comme le moyen le plus essentiellement productif, tant pour ceux qui ne possèdent pas, que pour ceux qui possèdent. Ce n’est pas là la moins rigoureuse de ses démonstrations.

À cet homme, Messieurs, on a contesté que l’économie politique fût une science ! il faut donc répondons nous, le refuser, ce titre, à l’astronomie, à la navigation, à l’agronomie : elles ne font non plus que vérifier qu’elles sont lis lois imposées par l’auteur du monde, afin de ne les point heurter. Mais, réplique-t-on, l’élément sur lequel elle agit n’est point inerte, et dès-lors il échappe au calcul. Sans doute l’homme, être libre par excellence, n’est ni une abstraction, ni une chose inerte. Mais n’est-il donc pas l’objet même sur lequel s’exercent la jurisprudence, la médecine, la stratégie, qui n’en sont pas moins réputées des sciences ? Sont-elles moins belles parce qu’elles rencontrent au fond de leurs doctrines quelque chose de vivant ?

La vie, la liberté morale au fond d’une science quelconque ! C’est là, ce nous semble, son plus beau caractère. Otez-le, que reste-t-il ? L’aliment de l’esprit