Page:Annales de la société royale académique de Nantes et de la Loire-Inférieure, 3, 1832.djvu/365

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par un défaut de prévoyance de la part du législateur, ou par quelque négligence de la part du magistrat chargé de surveiller cette machine compliquée. De là sont nés ces plans de sociétés imaginaires comme la République de Platon, l’Utopie de Morus, l’Océana d’Harrington, etc. Chacun a cru pouvoir remplacer une organisation défectueuse par une meilleure, sans faire attention qu’il y a dans les sociétés une nature des choses qui ne dépend en rien de la volonté de l’homme, et que nous ne saurions régler arbitrairement. »

Ce passage, cité par M. J. B. Say, est fort remarquable dans notre position actuelle. Il doit donner à penser aux jeunes novateurs, aux jeunes réformateurs dont notre époque fourmille. Nous leur soumettrons encore le suivant, qui est de M. Say.

Après avoir examiné, avec beaucoup de sagacité, les causes qui multiplient les mauvais livres d’économie politique, après avoir établi les conditions qu’il faut remplir pour être en droit d’avoir une opinion sur les faits, il ajoute : « Il ne faut pas de longs raisonnements. pour faire sentir le tort que font à l’économie politique les écrivains qui sont animés, de tout autres motifs que de l’amour de la vérité. Si même de bonne foi on nuit au progrès des lumières, qu’est-ce donc lorsqu’on s’y oppose à dessein, lorsqu’on emploie son esprit, et, à défaut d’esprit, son encre, son papier et ses poumons à tourner, des arguments propres à favoriser des vues personnelles ou à décréditer les doctrines qui leur sont contraires ? Le temps est heureusement passé, où les avocats du mauvais sens