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PRINCIPE.


sentent les vibrations des corps sonores ; d’où M. Chladni conclut qu’on ne saurait prendre pour base de toute l’harmonie, une loi tirée d’un seul phénomène naturel, tandis qu’une multitude d’autres phénomènes analogues présentent d’autres lois très-différentes et tout aussi naturelles que la première. Il pense donc que le seul fondement que l’on puisse donner à l’harmonie, est la plus ou moins grande simplicité des rapports numériques[1].

Mais, en admettant, si l’on veut, ce principe, ne serait-il pas permis de dire que, parmi les divers ordres de phénomènes que présentent les corps sonores, celui-là peut être pris pour base de l’harmonie, qui donne les rapports numériques les plus simples ? Or, si la corde vibrante donne en effet les rapports les plus simples, et si la coexistence des sons qu’elle contient ne nous plaît qu’à cause de la grande simplicité des rapports numériques de ces sons, ne sommes-nous pas conduits, en vertu même du principe de M. Chladni, à une conséquence exactement opposée à son assertion ainsi conçue, que le monocorde ne peut pas servir pour établir les principes de l’harmonie[2] ? M. Chladni ne révoque point en doute que les rapports qui doivent être pris pour bases de l’harmonie, ne soient ceux des nombres,

etc.,

loi des sons coexistans dans le monocorde ; ainsi il serait rigoureusement vrai que c’est dans le monocorde qu’il faudrait chercher les principes de la seule harmonie avouée par l’oreille.

Et en effet, les corps flexibles paraissent être les seuls dont les sons s’accommodent également à tous les organes, et plaisent le plus généralement. L’élasticité produite entièrement par la tension serait ainsi la source par excellence des sons vraiment musicaux. On sait que les corps doués de la plus grande mesure de rigidité naturelle,

  1. Traité d’Acoustique, pag. 11 et 251.
  2. Ibid, pag. 11.