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DE L’HARMONIE.


séquence, il est peu vraisemblable que la progression triple ait été en effet le principe fondamental, primitif et unique de toute la musique des anciens, et particulièrement de celle des Grecs, qui avaient une si grande délicatesse d’organes.

Il paraîtrait bien résulter de quelques autorités imposantes, que le système de Pythagore était uniquement fondé sur la progression triple. Mais les Pythagoriciens ont été accusés de n’avoir consulté que quelques préjugés métaphysiques sur les propriétés des nombres, et on leur a contesté d’avoir professé les vrais principes de la musique primitive. D’autres autorités leur attribuent une doctrine analogue à celle de Dydime et de Ptolémée, et croient avoir découvert dans la résonnance de la corde vibrante, ou, ce qui revient au même, dans les divisions naturelles et indéfinies du monocorde, les vrais principes de Pythagore[1].

Résumons maintenant les points principaux qui sembleraient résulter des observations que nous venons de faire........

1.o Les sons les plus beaux au jugement de tout le monde, les sons les plus généralement goûtés, sont ceux que produisent les corps flexibles tendus, et les instrumens à vent, c’est-à-dire, les sons formés de la coexistence des ordres de vibrations, représentés par la série naturelle des nombres etc. La coexistence des sons assujettis à cette loi ne se trouvant que dans les deux classes de corps sonores dont il s’agit, ces corps seraient donc les seuls

  1. En rendant justice aux connaissances étendues et à la profonde érudition qui règnent dans le savant mémoire de l’Abbé Roussier, sur la musique des anciens, je ne puis m’empêcher d’y voir une longue preuve de l’influence que l’esprit de système peut exercer sur les meilleurs esprits. Rien de plus remarquable que les efforts de ce savant, dominé par le système si souvent faux des causes les plus simples et de l’unité de principe, pour ramener toutes les bases de l’art musical au rapport  ; duquel il ne pense pas qu’il soit possible de s’écarter sans violer toutes les règles d’une saine logique. Selon lui, toutes les expériences d’Acoustique sont fausses ou superflues ; il n’en reconnaît aucune, et l’unité du rapport doit être la seule règle du musicien philosophe.