C’est donc cette altération à peine sensible des bois que je me suis premièrement préposé d’apprécier. C’est leur résistance à tout changement d’état, au moment où cette résistance commence à faire sentir ses effets, c’est-à-dire, lorsque les corps altèrent infiniment peu leur forme, en vertu des poids qu’ils supportent, que j’ai eu en vue d’évaluer.
On verra peut-être avec quelque intérêt que les lois et les anomalies observées dans les expériences faites en grand sur la rupture des bois, c’est-à-dire, au point où leur déformation est la plus grande possible, ne sont que la conséquence nécessaire des variations extrêmement petites que leurs moindres flexions offrent à l’observateur. C’est à peu près ainsi que les fonctions intégrales dérivent des lois qui coordonnent les élémens différentiels de ces mêmes fonctions, et peuvent en être rigoureusement déduites.
Je vais maintenant passer au détail de mes expériences. Sur un grand établi, j’ai fait fixer deux supports horizontaux et de niveau, distants entre eux de deux mètres ; j’ai fait donner la forme d’un parallélipipède à des morceaux de chêne, de cyprès, de hêtre et de sapin ou de pin, seuls bois dont je pouvais disposer.
Ces parallélipipèdes, ayant un peu plus de deux mètres, étaient posés tour à tour sur les supports, dont ils mesuraient la plus courte distance, en dépassant très-peu de chaque côté ; assez seulement pour que la pièce, en prenant de la courbure, ne se racourcît pas au point de tomber entre les appuis.
J’ai chargé ces parallélipipèdes, que j’appellerai simplement de règles, par des poids placés à égale distance entre les deux supports ; alors chaque règle a pris une certaine courbure.
Premièrement, il est évident que la règle a du se plier suivant une courbe plane verticale. Secondement, la courbe formée par chaque arête de la règle est symétrique à droite et à gauche, par rapport au plan vertical mené par le point milieu où la charge est appliquée, et perpendiculairement au plan même de la flexion.
Voilà la courbe dont nous avons voulu déterminer les élé-