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DU SANG.

que l’accroissement de la vitesse pendant l’élément de temps est égal au produit de la multiplication de la force par cet élément ; il n’a aucune idée d’une équation différentielle, dans sa plus grande simplicité possible ; il ne sait pas seulement ce que veut dire encore moins sait-ll ce que veulent dire les deux expressions analogues La première désigne le mouvement uniforme, la seconde le mouvement accéléré, et la troisième le mouvement retardé ; mais c’est là ce dont Kurt Sprengel ne se doute aucunement. Un homme doué d’un peu plus de modestie aurait aperçu sur-le-champ qu’il était question là de choses tout-à-fait étrangères à ses études, il aurait demandé à l’auteur, ou bien à tout autre, des éclaircissemens sur une matière qui lui était parfaitement inconnue. Kurt Sprengel en veut aux géomètres, et à tous ceux qui s’écartent des anciens systèmes ; il frémit à la seule idée que jamais la certitude mathématique vienne s’introduire dans la médecine ; aussi, en feuilletant les sept volumes de son ouvrage on reconnaît l’homme partagé entre les idées des solidaristes et des humoralistes : c’est de la vieille médecine toute pure.

18. Depuis long-temps Kurt Sprengel m’en veut. Il s’était scandalisé, dans tous les temps, de la dénomination très-innocente : force vitale des artères. Il lui a fallu toute ma critique pour lui faire concevoir que j’entendais par là tout ce qui établit la différence entre cette force contractile des artères qui constitue leurs battemens alternatifs, et la simple élasticité. Il avait inculpé Galien, de ce que celui-ci, pendant l’accès de frisson, dans les fièvres quartes, recommandait la saignée. Le fait est très-faux ; j’ai fait observer à Kurt Sprengel qu’il n’avait pas lu avec attention le passage en question. Dans un autre endroit, Kurt Sprengel avait revendiqué à Cesalpinus l’honneur d’avoir découvert la circulation du sang. Je lui ai fait voir que des passages tordus à volonté ne suffisent pas pour établir Cesalpinus auteur d’une pareille découverte ; et que, d’après d’autres passages, bien plus clairs et plus évidens, Galien méritait cet honneur avec bien plus de raison que Andreas Cesalpinus.