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PERSPECTIVE
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J’ai moi-même long-temps partagé cette opinion, sans trop l’approfondir ; et il n’y a guère plus d’une douzaine d’années qu’en y réfléchissant mieux, j’ai reconnu clairement que le cas où la perspective d’une sphère est un cercle, n’est, pour ainsi dire, qu’un cas d’exception et que, dans les cas les plus ordinaires, cette perspective doit être tout au moins, une ellipse.

Je me suis occupé aussi de la recherche de cette ellipse, pour laquelle j’ai trouvé un procédé assez simple, j’en ai fait le sujet d’une petite note qui a été insérée dans le volume de l’Académie du Gard, pour 1807 ; mais, dans la persuasion où j’étais que tous ceux qui voudraient se donner la peine d’y réfléchir trouveraient comme moi que la perspective d’une sphère n’est pas toujours un cercle, j’ai cru devoir peu insister sur ce point.

J’ai pourtant rencontré, cet égard, un grand nombre d’incrédules ; et la petite note dont je viens de parler m’a presque fait passer pour un visionnaire, auprès de beaucoup de gens. Je n’aurais été aucunement surpris de trouver de l’opposition chez les dessinateurs, chez les peintres, chez les architectes et même chez les ingénieurs civils et militaires de l’ancienne école, que leurs cadets ont laissés, pour la plupart, bien loin derrière eux ; mais ce qui m’a paru tout-à-fait étrange, c’est de rencontrer des géomètres de profession, des professeurs de mathématiques transcendantes, des doyens même de facultés de sciences qui, tout en convenant que je pouvais avoir raison en théorie, prétendirent que, dans la pratique, il fallait absolument faire abstraction de ma doctrine, et représenter généralement une sphère par un cercle ; comme s’il pouvait exister une pratique raisonnable qui ne fût pas fondée sur une saine théorie.

On m’a fait remarquer postérieurement que ’s Gravesande, à la page 31 du 1.er volume de ses Opuscules, a aussi traité le problème de la perspective d’une sphère, qu’il reconnaît, comme moi, devoir être une ellipse ; mais le procédé de ’s Gravesande, assez compliqué d’ailleurs, ne conduit qu’à la détermination de l’un quelconque